Extrait de Lilli-Lapin
Le secret d'une vie heureuse
IDDN Certification


Lire les critiques

Extrait
Lilli-Lapin est célèbre pour ses chaussons bleus.
Tout d’abord, Lilli-Lapin a rencontré son chausson droit. Ils ont fait un bout de route ensemble et Lilli-Lapin a écouté chanter le chausson. Lilli-Lapin a apprécié ce drôle de type et il lui a donné un biscuit qu’il gardait toujours dans sa poche, juste au cas où quelque chose comme cela se produirait. Ainsi, le chausson droit a suivi Lilli-Lapin jusqu’à sa maison et s’est rangé sous son lit.
Le chausson droit avait un frère gauche. Cependant, ses vues étaient trop libérales au goût de son frère droit, ce qui le rendait infréquentable pour que ce dernier le présente à Lilli-Lapin.
Lilli-Lapin vivait dans une petite ferme quelque part loin en province, et comme nous le savons, les vues de gauches n’y sont pas toujours très populaires, parce que “les Français aiment la révolution quand elle embrase Paris”. Que le pain ou l’essence viennent à manquer en province, et le pays exige immédiatement le rétablissement de l’ordre” . Pourtant, lors d’une partie de thé, il s’est avéré que Lilli-Lapin était indifférent à la politique puisqu’il a offert de la confiture de framboise à ceux placés à sa droite et ceux à sa gauche, sans discrimination et à parts égales. D’ailleurs, il a même envoyé de la confiture à un habitant indépendant de sa maison : Hamster De Mont-Cristo qui vivait au sous-sol près du four et qui ne s’est pas inquiété pour apparaître aux côtés de Lilli-Lapin pour le thé.
Voyant une telle approche pluraliste de Lilli-Lapin, le chausson droit a trouvé le courage de lui présenter son frère gauche, et ce, malgré ses slogans gauchistes : « Distribuez la richesse à égalité pour tout le monde ! », « Renversez le gouvernement ! », « Réduisez le prix de l’essence ! », « Arrêtez la lumière ! », mais aussi, « Mort au réchauffement climatique ! »
Par conséquent, le chausson gauche a été invité à rejoindre la partie de thé où il a eu grand plaisir à faire connaissance avec la joyeuse compagnie qui vivait dans la confortable maison de brique de Lilli-Lapin : Lilli-Ours, Lilli-Katie, Lilli-Jacob, deux chats (ils étaient assez gros, ou plus exactement, gros et jolis), deux perroquets tout à fait dotés de la parole, au vocabulaire très développé de deux ou trois mots, qui pouvaient parfaitement apprécier la liberté de parole, et Hamster De Mont-Cristo, qui a déjà été présenté à mon honorable lecteur.
Hamster De Mont-Cristo, décida bientôt de quitter la maison de Lilli-Lapin, car il avait résolu la question la plus populaire de tous les comtes :
“Comment survivre dans un monde moderne ?” de manière irresponsable, s’engageant dans des rapports aléatoires avec de nombreuses souris dans la maison de Lilli-Lapin.
Très bientôt, résultat direct d’un tel comportement, Lilli-Lapin a commencé à prêter attention à l’aspect particulièrement inexplicable de la progéniture des souris mutantes avec les oreilles du hamster, mais des queues de souris tout à fait normales. Un tel impact sur le cours de l’évolution a particulièrement dérangé Hamster De Mont-Cristo, qui, de manière malheureuse, a placé lui-même le message suivant dans un journal local :

Hamster De Mont-Cristo
(plus mignon que la moyenne)
cherche un nouvel appartement.
N’acceptera aucune offre de souris mutantes.
Et numéro de téléphone…

Hamster De Mont-Cristo, avait une ligne téléphonique personnelle. Pour parler franchement, il était un hamster individualiste, mais il faut dire que les années de prison passées dans le cachot du château d’If l’avaient forcé à apprécier les joies de la solitude, et c’est pourquoi il avait demandé et obtenu une ligne téléphonique individuelle, comme tous les prisonniers VIP qui se respectent. Les prisons deviennent aujourd’hui des endroits bien confortables !…
Je suis désolé, mais Hamster De Mont-Cristo ne m’a pas donné son consentement pour révéler ici son numéro, parce qu’il ne veut pas être dérangé pendant son hibernation hivernale qui commence habituellement mi-août, voire au plus tôt mi-juin. Évidemment, en cas d’extrême urgence, vous pouvez le trouver dans l’annuaire téléphonique sous son propre nom. Mais ne regardez pas sous la section “rongeurs”. Vous ne pourrez obtenir satisfaction que sous la section : Les Comtes !
Après l’acquisition de tels chaussons politiquement engagés, Lilli-Lapin a complètement cessé de montrer un quelconque intérêt à la politique.
Il est souvent arrivé que le Lilli-Lapin tombe dans un profond sommeil tout en regardant la télévision, mettant ses pieds dans les chaussons, juste devant l’écran. Quand Lilli-Lapin piquait un petit somme, les chaussons écoutaient attentivement tous les commentaires politiques disponibles, et, tranquillement discutaient entre-eux du climat courant (le climat est très important, parce que si le climat change, certains politiciens éternuant et toussant pourraient avoir besoin de couvertures, pour couvrir leurs… des choses très importantes !). Parfois, les chaussons discutaient même des différents changements de systèmes politiques…
Vous savez probablement que bon nombre de changements de systèmes ne sont pas toujours sains. Par exemple, les changements du système gastro-intestinal ou cardiovasculaire peuvent devenir assez mortels, parfois… Les changements diplomatiques des systèmes politiques peuvent être bons pour la démocratie elle-même, alors que des changements de fonctionnement des organes internes sont habituellement considérés comme des signes inquiétants… La démocratie entre les organes du corps peut mener à quelques conséquences indésirables si elle est trop détournée de son objectif. Par exemple, imaginez votre foie décidant d’accorder une voix de non-confiance contre votre tête… ou, – excusez-moi pour les détails médicaux –, votre rectum attaquant votre dignité… Désolé ? La dignité n’est pas un organe interne ? Parfois elle l’est !
Mais des discussions entre les organes électifs est une bonne chose et le top des moyens démocratiques est mis sur le mouvement. La démocratie a besoin de plus d’activité physique, parce qu’autrement, elle engloutit toute la nourriture dans le réfrigérateur de la nation et devient obèse. Mais la démocratie ne devrait pas se déplacer trop rapidement, parce qu’elle n’est déjà pas très jeune, et la constitution sue si la démocratie appose trop de chauffage. Alors les tyrannies des mondes déclarent avec dégoût que la démocratie a obtenu une constitution en sueur.
Que la démocratie fasse un contrôle promptement sur sa constitution et confirme honnêtement : oui, c’est assez humide… Mais réparable ! Garde à vous, tyrans sanglants ! Vous maintenez votre constitution sèche, et elle est entièrement rongée des racines par les taupes ! Puis les tyrannies et la démocratie sautent l’un sur l’autre et elles s’engagent dans un combat fratricide. Et le reste du monde bâille en observant tout ceci à la télévision. Les tyrannies et la démocratie oublient une vérité simple : […] si l’on se bat, on peut être battu.
J’ai toujours soutenu la démocratie et l’autorité de la majorité dans la théorie. Bien que je n’aie jamais obtenu de réponse pratique, que devrait être fait si la majorité était faussée ou n’obtenait que des choses mauvaises ? J’ai probablement tort et la démocratie n’a jamais tourné dans le mauvais sens, ou si elle avait fait, il ne reste personne pour se souvenir de telles occurrences malheureuses. Je remarque toutefois qu’il y a tant d’exemples où la démocratie a tourné dans le mauvais sens, comme l’arrivée légale d’Hitler en tant que chancelier par des élections démocratiques… Je remarque aussi que la démocratie elle-même n’est pas la garantie d’une société juste. Les gens ne peuvent pas toujours l’oublier et idéaliser aveuglément la démocratie… Probablement, cela ne se produit jamais vraiment ou alors les gens essayent d’oublier de telles occurrences malheureuses. Peut-être la démocratie a-t-elle une certaine mission mystérieuse d’améliorer la nature humaine particulièrement sauvage et brutale, mais qu’elle obtient malheureusement que le plus mauvais côté de la foule. Enfin, il vaut mieux laisser tout cela de côté, parce que des questions insolubles, mieux vaut les oublier plutôt qu’essayer de les résoudre. Le problème principal avec la politique est celui-ci : « En po­li­ti­que… il n’y a pas d’hommes, mais des idées ; pas de sentiments, mais des intérêts ; en politique, on ne tue pas un homme : on supprime un obstacle. » et c’est vrai jusqu’à présent…
Le seul problème des chaussons politiquement engagés est revenu à la surface quand Lilli-Lapin s’est réveillé pour aller aux toilettes. Il était très endormi et avait chaussé par erreur le chausson droit sur son pied gauche et le chausson gauche sur son pied droit. Cela a eu pour effet de changer leur orientation politique, presque instantanément. Cela se produit assez souvent dans la politique, mais c’était cependant extrêmement dur à supporter pour les chaussons parce qu’ils avaient maintenu quelques lambeaux de dignité, ce qui ne s’applique pas toujours aux politiciens. Dans ce cas de confusion, afin de rester un individu conforme à sa propre idéologie, le chausson gauche a argué du fait qu’il s’était trop éloigné de la gauche, qu’ainsi il s’était déporté vers la droite, alors que le chausson droit a essayé de se convaincre qu’il avait fait un énorme écart vers la gauche, et qu’il avait dû adopter une certaine tactique gauchiste…
N’allumez pas le chauffage, mon très cher lecteur… C’est une vérité simple de la vraie vie politique, c’est ainsi. Changer de bord est juste un risque professionnel pris dans n’importe quelle carrière politique.
Mais Lilli-Lapin dormait et ne prêtait pas attention à toutes ces acrobaties politiques. Il dormait aussi profondément que s’il s’était renversé dans son fauteuil. Ainsi, il s’est laissé diriger par ses chaussons jusqu’au sommet. C’était un vrai moment d’unité nationale !
En se soutenant aussi haut, les deux chaussons avaient décidé d’élire Lilli-Lapin à la fonction de Président. Ils modulèrent leur vote de cette manière parce que, d’abord Lilli-Lapin avait également traité tout le monde avec l’histoire de la confiture de framboise, ce qui l’avait rendu très important, et ensuite, tous les autres jetaient leurs chaussons aux chats s’ils étaient devenus trop espiègles… Jamais un bon Président digne de ce nom ne pourrait faire une chose aussi détestable afin de rétablir l’ordre public !
Vous savez, l’engouement excessif pourrait interférer le sommeil d’un saint… et c’est inacceptable ! Ne réveillez jamais la société quand elle dort. Cela peut avoir des conséquences très graves, particulièrement pour celui qui les réveille.
Par ailleurs, Lilli-Lapin était propriétaire de la maison, et qui, si ce n’est pas le propriétaire, peut être élu Président ? Je veux dire, qu’il possède la maison, de toute façon !… Et c’est très important que la démocratie confirme de la manière la plus juste la vraie situation de la société en élisant celui qui régnerait de toute façon, même s’il n’était pas élu. Cela ajoute beaucoup plus de légitimité au gouvernement et incite donc les citoyens fidèles à se sentir mieux. N’est-ce pas la vérité dans une démocratie moderne ?
Les chaussons n’ont pas informé Lilli-Lapin au sujet de leur décision, parce qu’ils avaient peur qu’il devienne nerveux et trop préoccupé avec sa nouvelle carrière politique. Les chaussons savaient qu’une telle préoccupation pouvait sérieusement endommager non seulement le ménage du politicien lui-même, mais aussi bien les ménages de beaucoup d’autres citoyens. Ni l’un, ni l’autre des chaussons, n’a informé quiconque dans la maison au sujet de Lilli-Lapin et de son élection. Bien que les autres habitants aient semblé ne pas s’inquiéter, il est juste que dans une société normale, la politique ne puisse pas sensiblement interférer l’issue d’un ménage.
Les chaussons ont donc formé une coalition et ont commencé à prospecter contre les bottes d’hiver de Lilli-Lapin qui risquent de concurrencer les chaussons en décembre ou même dès la mi-novembre s’il venait à neiger trop tôt cette année.


Avis aux critiqueurs : Une critique à émettre ? vous pouvez contacter l'auteur directement : Bernard KRIGER

 

Critiques

Personnellement, j'ai adoré vivre un bout du chemin avec Lilli-Lapin et je m'ennuie déjà de lui. J'ai envie de le relire, encore et encore. Attention : La nostalgie guette celui qui tourne la dernière page ! Joseph OUAKNINE