Interview réalisée par Dominique Botto / FCR – Avril 99

Un véritable écrivain au sein de FCR !

La rubrique " Passions " a pour but de vous faire découvrir le passe-temps de l’un ou l’autre de vos collègues. Pour inaugurer cette rubrique, nous avons interviewé Joseph Ouaknine (FCR / Direction des Réseaux Spécifiques) pour qui l’écriture est bien plus qu’une simple passion puisque c’est devenu carrément une seconde vie ! Sa démarche est par ailleurs originale puisqu’il relie lui-même ses livres, et qu’il a créé son propre site Internet (http://www.ouaknine.fr), pour présenter ses œuvres et même les vendre.

Q : A ce jour, tu as déjà rédigé une douzaine de livres, comment as-tu été amené à écrire ton tout premier livre ?

Il y a environ dix ans, j’ai voulu raconter l’histoire assez particulière de ma vie, alors j’ai commencé à écrire un premier roman fortement autobiographique, sur un simple cahier. Je l’ai fait lire à mes proches qui l’ont bien aimé, ce qui m’a apporté une certaine fierté. Comme j’avais un ordinateur à la maison, j’ai tapé le texte pour l’imprimer comme un livre classique, en respectant la mise en page et la typographie. C’est ainsi qu’a débuté la première édition d’une longue réalisation. Ayant beaucoup d’imagination, j’ai abordé successivement divers genres dont le fantastique, l’ésotérisme, la philosophie.

Q : Internet, nouveau média pour toi ?

J’avais déjà fini trois bouquins quand est véritablement apparu Internet en France, il y a quatre ans environ. J’ai pensé que c’était l’occasion inespérée de présenter mes œuvres, plus dans l’idée de me faire connaître que pour la vente directe.

Q : Est-il compliqué de réaliser son site personnel sur le Web ?

Je n’avais aucune connaissance particulière, je me suis lancé en utilisant l’assistant Web de Word pour créer mon site.

Q : Comment en es-tu arrivé à auto-produire tes livres de bout-en-bout ?

Sur mon site, j’ai proposé " on line " le catalogue de mes livres ainsi que le premier chapitre de chacun d’entre eux. A ma grande surprise, les gens ont apprécié mon écriture et ont souhaité se procurer les livres en entier. Comme ceux-ci n’étaient pas disponibles en librairie, j’ai donc été " obligé " de les imprimer moi-même et de les diffuser sans intermédiaire. Quelques heures le week-end me suffisent pour lancer l’impression, puis pour relier les pages sous couverture cuir ( il faut environ 3 heures pour faire un livre). Les reliures ont aussi leur histoire puisque j’achète de vieux canapés ou de vieux vêtements en cuir ( par exemple : des bottes) dans des brocantes. Rapidement, je suis passé à un stade " d’industrialisation " en quelque sorte en achetant une imprimante laser, une presse, un massicot, etc... Cet investissement a été amorti puisque, à ce jour, j’ai déjà vendu plus de 150 exemplaires de mes divers bouquins. Les tirages peuvent être personnalisés à la demande, en intégrant dans l’histoire des lieux ou des noms de personnes qui sont proches du lecteur et en reliant le livre suivant le désir des clients ( certains me proposent même la matière, pour être assortie à leurs rideaux !… ).

Q : As-tu cherché à te faire éditer par un véritable éditeur ?

Effectivement, être édité au moins une fois à compte d’éditeur m’aurait permis d’être reconnu comme écrivain. J’ai donc envoyé quelques-uns de mes manuscrits à de nombreux éditeurs, en commençant par les plus grands, sans grand succès. Et puis, grâce à une information d’un de mes collègues, j’ai contacté les éditions CyLibris (de Cy : cyber et Libris : livre). C’est un petit éditeur qui vend principalement sur Internet, et sa recherche de jeunes talents, sa reconnaissance par le Ministère de la Culture, sa rigueur dans la sélection des manuscrits, m’ont poussé à lui envoyer un de mes romans. Au bout de 6 mois environ, celui-ci m’a été retourné avec des commentaires sur ce qui était bien et moins bien. J’ai alors décidé de lui envoyer deux autres manuscrits qui me semblaient ne pas avoir les défauts du premier, et je lui ai demandé de visiter mon site Internet. Ma méthode, et le fait de réaliser moi-même mes reliures, l’ont intrigué. Nous avons communiqué par e-mail et c’est par ce moyen que j’ai su que si les histoires plaisaient, il n’y avait toutefois pas unanimité sur mes livres. Cependant, huit mois après, j’ai reçu l’accord de publication de mon roman fantastique intitulé " Le dernier visage ", qui avait été finalement retenu après un troisième comité de lecture. J’ai donc signé mon premier contrat d’édition. A l’issue de trois phases de corrections ( littéraire, orthographique et typographique), mon roman devrait sortir en septembre prochain sous un nouveau titre " Le sixième visage ".

Q : Internet, c’est un réseau mondial, et finalement cette maison d’édition était très proche ?

En effet, mais le plus étonnant c’est que le dirigeant de cette maison d’édition a commencé sa carrière dans une filiale de France Télécom, après avoir suivi l’INT et l’ENST, et qu’il garde une activité à temps partiel dans les télécommunications. Ses bureaux sont situés rue Greneta, à deux pas de FCR. Le monde est donc très petit....

Q : Quelle a été ta source d’inspiration pour ce livre qui a donc été retenu ?

Le début de l’histoire relève vraiment du vécu. Un jour, je cherchais une place pour garer ma voiture comme chaque matin, j’avais fait plusieurs fois le tour du pâté de maisons, en vain, quand j’ai aperçu, enfin, une place… J’ai alors manœuvré un peu trop vite, et la voiture est légèrement montée sur le trottoir. Une vieille petite dame, que je n’avais pas vue, a été terrorisée par ma manœuvre trop brusque, et je n’oublierai jamais son visage d’alors. J’y ai beaucoup réfléchi et c’est en mission, dans un cadre paradisiaque, à l’Ile Maurice, que j’ai commencé à écrire ce roman d’angoisse. Bien entendu, la vieille petite dame a été remplacée par une superbe jeune fille…

Q : As-tu une méthode particulière pour écrire ?

Je me lève très tôt le matin, quand tout est calme, pour me mettre à écrire devant mon micro-ordinateur. Mes romans comprennent généralement trois parties qui sont, en fait, trois points de vue différents d’une même histoire, la dernière partie donnant la clé. J’écris principalement à la première personne pour donner l’impression au lecteur qu’il vit l’histoire.

Q : Quels sont tes projets ?

Je suis en train de reprendre deux de mes premiers livres ( " Une minute interminable " et " Une minute interminable II " ) pour n’en faire plus qu’un seul. Cette réécriture tient compte des remarques de l’éditeur. J’ai aussi le projet de faire un guide gastronomique, car je suis tout simplement très gourmand.

N'hésitez pas à faire vos remarques : Joseph Ouaknine